Tonton Ron, on arrive !

par | 5 Oct 2010 | États-Unis

Et un beau matin, ça y est, on passe aujourd’hui la frontière ! Après presque 4 mois (exactement 112 jours) passés au Canada, on avait envie de changer un peu. En fait tout semble pareil (la langue, les paysages, des dollars, les cow-boys et les Indiens), mais on est contents de passer au pays suivant. Peut-être qu’on espère de meilleures conditions météo en étant légèrement plus au Sud ?

Bref, nous voilà à midi au poste. Avant de passer, nous déjeunons sur le parking, avec tous nos restes de produits frais. Il est interdit d’importer légumes, fruits, bois… Il nous reste un fond de carottes crues, on verra bien, peut-être qu’on sera à l’origine d’un croisement de carottes transgéniques canadiennes-états-uniènes !

« Vous avez quelque chose à déclarer ? », « Heu, non », « Très bien, entrez pour remplir les formulaires »

Une bonne heure après, nous voilà de l’autre côté avec un visa valable jusqu’au 31 décembre, pas de fouille (merci quand même Yves pour les ordonnances). Y’a juste le sac de poubelles qui pendouille derrière ma remorque et que personne ne remarque ;-)). Et puis ce soir, on aura au moins des carottes à manger.

Un peu plus loin, on entre sur le territoire des Indian Blackfeet. Ce soir on a prévu d’atteindre St Mary, mais non, trop loin, le vent s’est levé, on s’arrête à Babb, petit village. Une rue, quelques bâtiments aux façades bien délabrées et abandonnés, une pompe à essence et un magasin général-Motel encore Open où on demande asile. La patronne nous propose une des cabanes en arrière de son motel. Nickel, pas besoin de monter la tente et on a de quoi se ravitailler au magasin. Visiblement, les tenanciers sont les seuls non Indiens. Les Indiens débarquent au magasin, à moitié titubants, avec des voitures bien amochées. Nous, on est bien installés dans la cabane, c’est plus rassurant.

En repartant, les proprios du magasin nous répètent ce qu’on nous a déjà dit, de ne pas s’arrêter la nuit à Browning dans la réserve indienne, c’est trop risqué. Antipathie envers les natives ou réalité dûe à leur situation d’assistés ? En tout cas, nous ne pouvons pas traverser la réserve d’une traite, trop difficile pour nous, ça monte, ça descend sans arrêt, on passe un col à 1900m d’altitude, les villages sont quasi abandonnés. Nous trouvons à mi-chemin un camping déserté, avec des chiens et des chevaux pour toute compagnie. Nous passons notre chemin à Browning, en ne s’arrêtant que pour quelques courses. La ville n’est pas belle, le temps est gris et tourne à l’orage. Quelques Indiens bourrés nous accostent, on ne comprend pas grand chose. Sauf, un qui demande la permission au chef de famille (JRoch) de bénir notre voyage. Après quelques incantations nous repartons vers le Sud.

Nous atteignons les limites de la réserve, juste avant un orage que nous ne pouvons éviter : grêle, vents, pluie froide, pile devant l’entrée d’un Ranch. Matt et Stacy nous laissent un immense hangar pour la nuit. Un hangar 4 étoiles, avec douches chaudes et cuisine, mais nous ne verrons personne, trop occupés sans doute. Avant de repartir le lendemain, nous assistons à des pratiques industrielles, les cow-boys bloquent les vaches une à une dans des sortes de mâchoires, avant de leur faire des piqures. On n’a pas bien compris ce qu’ils faisaient réellement, les petits étaient impressionnés et nous sommes repartis, sous la pluie froide, dans ce paysage de collines jaunes et désertes, décorées de vaches.

Arrêt pour la nuit dans un autre Ranch, aux dimensions plus humaines où Brian nous laisse planter les tentes à côté du hangar et viendra causer un moment avec nous.

Le lendemain, enfin une ville plus importante, avec café, cinnamons rolls et bibliothèque, nous flânons un peu, d’autant que le soleil est ressorti. Nous avons même droit à une interview, pour le Sun Times local que vous pouvez lire ici : http://www.fairfieldsuntimes.com/articles/2010/10/12/news/doc4cb4e4a430f5c592347145.txt

Plus loin, sur la route, c’est Janice et Dale, retraités, qui nous laissent planter les tentes, et nous proposent leur salle de bain. Au matin, c’est un véritable american breakfast qui nous attend à l’intérieur avec les couleurs magnifiques d’un lever du soleil sur le lac, devant la baie vitrée.

Nous voulons atteindre Great Falls ce soir, au café à Fairfield on nous a parlé de neige pour bientôt. Il faut absolument qu’on descende plus au Sud, mais avant ça, on veut passer par le parc national de Yellowstone.

La route est moins vallonnée mais le vent est de nouveau contre nous et non, Great Falls, ce n’est pas pour aujourd’hui. Nous frappons à la porte d’une maison pas comme les autres, elle nous plait bien, les gens qui l’habitent doivent être des gens bien ! La maison est ronde, bardée de mélèze et autour y’a plein de petites maisons d’oiseaux colorées. Gary nous indique un endroit où nous pouvons nous installer, et revient peu après pour nous inviter au souper. Quand nous entrons à l’intérieur, Marian est en train de faire du pain pour des « invités spéciaux » dit-elle ! Gary nous fait visiter la maison qu’il a faite lui même et c’est Marian qui fabrique les maisons d’oiseaux. Dans la soirée, Gary nous présente ses copains qui viennent d’arriver pour nous faire une surprise : nous assistons à un concert privé de Barber shop harmony, style de musique a capella. Leur groupe, dont Gary fait parti s’appelle les 14th street quartet. Et les surprises ne sont pas finies ! Notre hôte, très intéressé par notre itinéraire, détaille les cartes avec nous, et nous propose un lift jusqu’à West Yellowstone pour qu’on puisse visiter le parc avant qu’il ne neige. Aussitôt dit, aussitôt fait, il part préparer le RV (recreational vehicule, le camping car quoi !) et la remorque pour transporter tout le matériel.

Et c’est parti, dès le lendemain matin pour un petit tour en RV. Nous montons sans peine jusqu’à 2000 mètres d’altitude, c’est quand même pratique d’avoir un moteur !

Nous nous rappellerons de ce fantastique arrêt !

Nous voilà au camping de West Yellowstone à demander un emplacement pour tentes. Et non, on nous le déconseille très fortement car un grizzli mâle rôde dans le camping. Info ou intox, toujours est-il que nous n’insistons pas, et nous prenons une cabane pour deux jours. Nous aurons au moins évité le froid, le vent et la pluie (limite neige) du soir. C’est quand même bien agréable de dormir à l’abri ! D’autant que le fameux ours est passé le lendemain soir, affamé, pour démonter les poubelles, pendant que nous dormions comme des bien heureux, en sécurité dans notre cabane…

Have fun,

MC